Orthal-2016

Fichier à télécharger (un clic droit sur le lien pour télécharger le fichier)

Le système ORTHAL 2016 – Orthographe alsacienne

Quelques règles de base pour faciliter l’écriture et la lecture de l’alsacien dans toutes ses variantes

D’après la méthode ORTHAL décrite dans le livre « Orthographe alsacienne - Bien écrire l’alsacien de Wissembourg à Ferrette », Jérôme Do Bentzinger, Colmar, 2008.

Les auteurs, Edgar Zeidler et Danielle Crévenat-Werner, linguistes et dialectologues, ainsi que les membres de l’AGATE (Académie pour une Graphie Alsacienne Transfrontalière) tiennent à souligner que la méthode ORTHAL, qui est la propriété intellectuelle de l’association AGATE, repose sur deux idées fondamentales :

  • La référence graphique de nos dialectes est l’allemand écrit (Schriftsprache)​​​​​​​
  • La transcription écrite des parlers doit se faire dans le respect de leurs particularités


ORTHAL est un système orthographique souple, avec quelques variantes. Il est adapté à tous les parlers et doit permettre à chaque auteur d’écrire son propre dialecte, tout en étant fidèle à sa prononciation caractéristique.

ORTHAL est le résultat d’années de recherche, de tests avec des élèves, des étudiants et des adultes et la synthèse d’environ 400 dictées organisées dans toute l’Alsace.

Il ne s’agit en aucun cas d’uniformiser les différents parlers pour créer une forme standard artificielle, mais de faciliter l’écriture et la lecture de textes en dialecte avec un système orthographique cohérent qui utilise, du nord au sud de l’Alsace, les mêmes lettres pour les mêmes sons.

Par exemple, la tendance pour les parlers de Haute Alsace est de prononcer / a / pour l’article indéfini « un », « ein » et de marteler davantage la syllabe finale où l’on entend / a / [a] même si la syllabe est atone* [ɐ]. C’est pourquoi ORTHAL propose d’écrire :

a Wort, ein Wort, un mot ; màcha, machen, faire ; Maidla, Mädchen, jeunes filles.

NB: ceci ne signifie pas que tous les locuteurs de Haute Alsace doivent s’y conformer. S’ils entendent ou réalisent / e / réduit, ils écriront « e »

Les parlers de Basse Alsace réalisent plutôt un / e / réduit* transcrit « e » dans ces deux cas de figure

e Wort, màche, Maidle

NB: ceci ne signifie pas que tous les locuteurs de Basse Alsace doivent s’y conformer. S’ils entendent ou réalisent / a /, ils écriront « a »

Les exemples qui illustrent nos propos correspondent à des prononciations en usage dans toute l’Alsace.

Nous utilisons dans nos tableaux trois couleurs différentes pour faciliter la localisation des variantes dialectales :

  • Celles en usage en Haute Alsace sont en bleu,
  • Celles en usage en Basse Alsace sont en vert
  • Celles réalisées à la fois en Haute Alsace et en Basse Alsace sont en marron
     

Les termes techniques employés avec un astérisque * sont regroupés dans un petit lexique à la fin de cette présentation.

Nous avons répertorié sur l’ensemble de l’arc-en-ciel dialectal les sons que nous transcrivons à l’aide de voyelles simples, redoublées ou combinées, à l’aide de diphtongues* et de consonnes.

En voici la liste exhaustive avec le son entre barres obliques. Il est décrit à l’aide des lettres de l’alphabet français, suivi de sa transcription phonétique en A.P.I.* (Alphabet Phonétique International) entre crochets.

Dans la mesure du possible, chaque son est décrit à l’aide d’un exemple dans trois langues internationales : le français, l’allemand et l’anglais. Les transcriptions orthographiques des sons qui représentent le cœur du système ORTHAL sont illustrées par différents exemples en alsacien. Ces exemples sont traduits en allemand et en français.

En référence à l’allemand écrit, les noms communs s’écrivent avec majuscule.
Le genre des noms communs en alsacien et en allemand se correspondent à quelques exceptions près.
Les articles définis qui se prononcent avec /e/réduit (en allemand Murmellaut), s’écrivent respectivement :

« de » (67) ou « der » (68) :
de / der Mànn, der Mann, l’homme

Pour les féminins, l’apostrophe derrière « d‘ » signale l’élision de la syllabe „ie“.

d’ Heimet / die Heimet, die Heimat, le pays natal

Pour les neutres, la lettre „s“ se suffit à elle-même. Comme il n’y a pas d’élision, l’emploi de l’apostrophe est superflu.

s Kìnd, das Kind, l’enfant

Améliorations apportées à ORTHAL en 2016

Le pronom impersonnel « on », allemand « man », s’écrira :

« mer », ou « me » prononcé avec /e/ réduit ou « ma » prononcé avec /a/ clair :

mer/me/ma kàt nia wìsse/wìssa, man kann nie wissen, on ne peut jamais savoir

Autres situations où l’on emploiera < e > pour /e/réduit

- la syllabe en -end: wahrend, während, pendant

- les terminaisons en -ersch : dü zìttersch, du zitterst, tu trembles

- les terminaisons en -ert : as dundert, es donnert, il tonne 

- les terminaisons en -et : ar zìtteret, er zittert, il tremble

- les suffixes dans les formes comparatives : -er : scheener, schöner, plus beau

- les syllabes finales en -ens : zweitens, zweitens, deuxièmement

- les syllabes finales en -ersch et -erscht : bsundersch, besonders, particulier, witterscht, weiter, plus loin

- les désinences en -er ou -es des adjectifs déclinés au nominatif et accusatif masculins singuliers : dàs ìsch a ìntrassànter Romàn /a ìntrassàntes Büech, das ist ein interessanter Roman, ein interessantes Buch, c’est un roman / livre intéressant

- et en général dans les syllabes atones comportant (la syllabe tonique est en gras)

< e > : Verzìcht, Verzicht, renonciation ; bekùmme, bekommen, recevoir ; hoffentlig, hoffentlich, espérons

- le pronom impersonnel « es » est inaccentué, le plus souvent postposé et se prononce avec /e/ réduit (Murmellaut en allemand) : Ich hoff, àss es làngt, ich hoffe, dass es reicht, j’espère que cela suffit

- le pronom personnel « se », variante de « sìe » ou de « sa » en position atone :

Wàs màche se ? Was machen sie ? Que font-ils /-elles ?

Emploi de l’apostrophe

L’emploi de l’apostrophe peut signaler une élision :

mìr – m’r, mir, à moi ; dìr – d’r, dir, à toi 

Mais chacun reste libre de l’employer comme bon lui semble. Cet emploi libre illustre la souplesse d’ORTHAL.

Accents aigus et graves

ORTHAL a recours aux accents aigus et graves du français, quand ils permettent d’épouser parfaitement les différentes prononciations en usage en Alsace et de lever des ambiguïtés. Ils sont connus du public francophone et germanophone. Ainsi, l’accent aigu sur « é » indique un timbre* fermé, contrairement à l’accent grave « è » qui indique un timbre ouvert : dréi - drèi, drei, trois.

Dans le même ordre d’idées, l’accent grave sur « ì » signale le timbre / i / très ouvert proche de / é / par rapport à / i / fermé, orthographié « i » : Dìchter - Dichter, Dichter, poète

ORTHAL laisse toute latitude aux auteurs de redoubler les voyelles longues pour les sur-caractériser : Büür, Bauer, paysan ; Fiir, Feuer, feu

Cependant, pour éviter le redoublement systématique des voyelles longues qui engendrerait une graphie inesthétique, ORTHAL se base sur les lois de durée de l’allemand avec trois formules simples à retenir :

Une voyelle tonique* (V), en fin de mot, sans consonne subséquente, est une voyelle longue (VL) :

V = VL : hà, haben, avoir ; sì, sein, être

Une voyelle tonique (V) suivie d’une consonne est une voyelle longue (VL) :

V + C = VL : Ros, Rose, rose

Une voyelle tonique (V) suivie de plusieurs consonnes (CC) est une voyelle brève (VB) :

V + CC = VB : Ross, Pferd, cheval

Remarques sur la façon de signaler les voyelles brèves et longues

Triplement de consonnes

Tripler permet premièrement de voir clairement la césure dans les mots composés et deuxièmement de distinguer la particule séparable du radical du verbe.

Tripler, c’est être cohérent avec la loi : V + CC = VB

üsssah (üss-sah), ar / er seht güet üss, er sieht gut aus, il a bonne mine

Et logiquement, on écrira:

Sìe hàt a güet Üsssah, sie hat ein gutes Aussehen, elle a bonne mine

Idem pour :

der Rolllàda (Roll-làda), Rollladen, volet roulant; d’Schìfffàhrt (Schìff-fàhrt), Schifffahrt, navigation ùfffàlla (uff-fàlla), auffallen, se faire remarquer, ar fàllt ùff, er fällt auf, il se fait remarquer

NB : les fameux Fleischschnacka illustrent à leur manière cette logique : Fleisch+Schnacka.

Les mots composés et la coupure syllabique

Hormis si l’on veut sur-caractériser, nul besoin d’écrire :

Nààstüech, Taschentuch, mouchoir car la voyelle tonique n’est pas suivie de « st », mais bien d’une seule consonne : « s » :

Nàs + Tüech, Nàstüech

Voici un exemple où la sur-caractérisation peut paraître judicieuse :

Glààssplìtter, Glassplitter, éclat de verre, qu’on lira plus spontanément avec /à/ long s’il est doublé que s’il ne l’est pas (Glàssplìtter).

Les mots grammaticaux monosyllabiques

Exceptions à la règle V+C = VL (la voyelle tonique suivie d’une seule consonne est longue)

Remarque générale

La règle V+C=VL concerne les voyelles toniques, donc celles figurant dans une syllabe accentuée :

verdeckel, verdammt, nom d’une pipe : la syllabe « deck » est brève et < e > se prononce /è/

Dans cet exemple, « ver » et « el » sont inaccentués et brefs : < e > se prononce /e / réduit (Murmellaut en allemand)

Autres cas de figure où < e > correspond au /e/ réduit 

Les suffixes inaccentués en :

-el, -er, -es, -et :

Läffel, Löffel, cuillère; Maidel, Mädel, fille; Maidler, Mädels, filles ; Siaßes, Süßes, du sucré; àlles, alles, tout, Heimet, Heimat, pays natal,

Les suffixes inaccentuées en :

-ig, -is, -lig, -nis : /i/ fermé est naturellement bref. Inutile de doubler la consonne subséquente :

ebbis, etwas, quelque chose; zwànzig, zwanzig, vingt ; heeflig, höflich, poli; Gheimnis, Geheimnis, secret

NB : les syllabes qui portent l’accent tonique sont en gras

Les préfixes et les préverbes (particules) inséparables inaccentuées en :

er-, ge-, ver-, zer- .

Notons que leur prononciation est variable, tantôt /e/ réduit, tantôt /è/.

ORTHAL ne tient pas compte de ces fluctuations, souvent individuelles, et « colle » au Hochdeutsch.

Ergabnis, Ergebnis, résultat; Gebäi, Gebäude, bâtiment; gemàcht, gemacht, fait; verlora, verloren, perdu(e) ; Verlùscht, Verlust, perte; Zersteerùng, Zerstörung, destruction; zersteera, zerstören, détruire

NB : les syllabes qui portent l’accent tonique sont en gras

Liste des mots grammaticaux faisant exception à la règle : V+C=VL, ce qui signifie que la voyelle tonique (V) suivie d’une seule consonne (C) est une voyelle longue (VL)

Les usagers d’ORTHAL et l’association AGATE ont convenu d’arrêter une liste réduite d’exceptions concernant la voyelle brève qui ne sera pas signalée par des consonnes doublées subséquentes.

  1. l’élément servant à former des contraires: un-/ùn

Unsìnn, Unsinn, absurdité; ùnmäjlig, unmöglich, impossible

  1. les prépositions

àb, àn, àm, bis, bìs, ìn, ìm, vom, vùm, vum, um, ùm, zum, zùm

  1. les adverbes prépositionnels

dràn, dràb, drìn, drum, drùm,

  1. les adverbes

drìn, hin un har, wag, wëg, awag, ewëg

  1. les conjonctions de subordination et de coordination

un/ùn, ob /äb

  1. les auxiliaires de temps « hà » et « sì » à l’infinitif et à l’indicatif*

bìn, sìn, hàb, hàn, hàt, hèt, han

* au conditionnel, nous employons < tt> : sìe hatt(igt), sìe hätt, sie hätte, elle aurait

Attention :

- Nous distinguerons üf/uf et uff/ ùff, auf, sur ; üs et üss, aus, de et leurs dérivés drüf / druf et druff/drùff, d(a)rauf, dessus, dans tous les cas de figure, car les aires de répartition de /ü/ long et brefs ainsi que de /u/ ou /ù/ longs et brefs existent toujours.

En Haute Alsace, ils sont en général longs, en Centre Alsace et Basse Alsace presque toujours brefs

üf # üff, üs # üss, üfstoh # ùffsteh, aufstehen, se lever ; üslàcha # üsslàcha, auslachen, se moquer

NB : ORTHAL continue à proposer d’écrire : will, weil, parce que, nìmm, nicht mehr, ne…plus , si les voyelles sont brèves.

Mots grammaticaux bi-syllabiques

Application sans hésitation des règles :

V + C = VL (la voyelle tonique suivie d’une seule consonne est longue

V + CC = VB (la voyelle tonique suivie de plusieurs consonnes est brève)

Ainsi, on écrira àber aber, mais (réalisé avec /à/ long dans le Sundgau), différent de àwwer (réalisé avec /à/ bref en Centre et Basse Alsace).

Le même raisonnement s’applique à oder avec /o/ long oder, ou bien, différent de odder avec /o/ bref, et sa variante edder avec /è/ bref.

Formes contractées

Nous distinguerons la voyelle brève de la voyelle longue en écrivant

ùffem, üssem (VB)

üfem, üsem (VL)

Mais les formes contractées construites avec les mots monosyllabiques faisant exception à la règle :

V + C = VL ne redoublent pas la consonne subséquente :

mìtem
Ich kumm mìtem Vèlo (forme complète: mìt (d)em  : ich komme mit dem Fahrrad, je viens avec le vélo

àbem
Ich streik àbem Zischtig (forme complète: àb (d)em), ich streike ab Dienstag, je fais grève à partir de mardi

ànem
Sìe hankt ànem (forme complète: àn ìhm), sie hängt an ihm, elle tient à lui

Et si l’on emploie l’apostrophe et la forme élidée, on écrira :

mìt’m : Ich kumm mìt‘m Vèlo

àb’m : Ich streik àb’m Zischtig

àn’m : Sìe hankt àn’m

Attention aux contractions grammaticalement incorrectes

L’indéfini « a » ou « e », ein, un, une, se décline au datif de la manière suivante

- ema (68) ou eme (67) au masculin ou neutre singulier

- era (68) ou ere (67) au féminin singulier

(68) Sìe sìtzt uff ema Teppig / uff era Màtràtz,

(67) Sie sìtzt ùff eme Teppi / ùff ere Màtràtz

Sie sitzt auf einem Teppich/ einer Matratze, elle est assise sur un tapis / un matelas.

L’apostrophe signalant l’élision de « e », les formes contractées doivent logiquement s’écrire:

uff’ma Teppig et uff’ra Màtràtz

Voyons un autre exemple :

(68) Sìe schàfft ìn ema scheena Büro / ìn era dunkla Kàmmer

(67) Sie schàfft ìn eme scheene Büro / ìn ere dùnkle Kàmmer

Sie arbeitet in einem schönen Büro / in einer dunklen Kammer

Deux formes de contractions sont possibles : la première avec apostrophe signale une élision.

ìn’ma / ìn’me

La seconde relève de l’écriture agglomérée :

ìma / ou ìme

Attention : les formes « ìm a » et « ìm e » sont grammaticalement erronées. En effet, ìm est la forme contractée de ìn (d)em (article défini au datif masculin singulier ou neutre singulier)

(68) Sìe schàfft ìm Büro nawa minnem

(67) Sie schàfft ìm Büro nëwe minnem

Sie arbeitet im Büro neben meinem, elle travaille dans le bureau à côté du mien

Écrire ìm a / ìm e, équivaut à écrire en allemand im einem Büro, en français dans le un bureau

Tout au plus, l’auteur qui ne veut pas agglomérer et qui emploie « ì » et non « ìn », pourra écrire :

i ma / ì me Büro

Formes conjuguées

Les règles V+C = VL et V+CC = VB s’applique aussi aux formes conjuguées.

Mais elles s’appliquent uniquement au radical du verbe.

Les terminaisons en -sch, -t, -e ou -a des formes conjuguées sont à considérer à part et n’influent pas sur la règle de la durée des voyelles toniques.

Nous écrirons donc (le radical du verbe est en gras pour mieux visualiser la règle V+C=VL) :

hola (o long), holen, chercher

ich hol, dü holsch, ar holt, mìr hola / hole… participe passé: gholt ; impératif, hol, hola / hole

rolla (o bref): rollen, enrouler

ich roll, dü rollsch, ar rollt, mìr rolla… pp: grollt, impératif : roll, rolla / rolle

Comment signaler les changements de durée par rapport à l’infinitif ?

Le radical seul (en gras) doit signaler la voyelle brève selon la règle V + CC = VB :

reda, < é > long, reden, parler : ich redd, dü reddsch, ar reddt, < è > bref, mìr reda, < é > long

pp : greddt, < è > bref, impératif : redd, redda / redde, < è bref > ou red, reda, < é > long

froga, < o > long, fragen, demander : ich frogg, dü froggsch, ar froggt, < o > bref, mìr froga, < o > long

pp : gfroggt, < o > bref, impératif : frogg, < o > bref), froga / froge ( < o > long)

lìga, < i > très ouvert et long, liegen, être couché :

ìch lìgg,lìggsch, ar lìggt, < ì > bref ; mìr lìga < ì > long, pp: glaga, < a > long

lega, < é > long), legen, pondre, coucher : ìch legg, dü leggsch, ar leggt, < è > bref, mìr lega, < é > long

pp: gleggt, < è > bref / glajjt, < a > bref), impératif: leg, < é > long ou legg, < è > bref), lega, < é > long

ou lejja / lejje, < è > bref)

La sur-caractérisation d’une voyelle longue comme par ex. < ii >, est fréquente chez les auteurs quand, en allemand, le terme correspondant comporte la diphtongue < ei >

schriiwa, schreiben, écrire : ìch schribb, dü schribbsch, ar schribbt, < i > bref

mìr schriiwa, < i long > sur-caractérisé

pp: gschrìwwa / gschwrìwwe, < ì > bref)

Remarque importante

Pour sàga, sagen, dire, on observe changement de timbre vocalique, monophtongue-diphtongue à la 2e et 3e pers. sing.

ìch sàgg (à bref), dü saisch, ar sait, diphtongue /a+i/ , mìr sàga, < à > long)

pp : gsait, diphtongue /a+i/ ou gsëit, diphtongue /æ+i/ ; impératif : sàg, < à > long ou sàgg, < à > bref, sàga / sàja /sàje, < à > long

Exemples de relâchement articulatoire (ou de palatalisation) < g-j > du Sud au Nord de l’Alsace

Mulhouse:

sàga, sagen, dire : ìch sàgg, dü saisch, ar sait, mìr sàga ; p.p ; gsait ; impératif : sàgg, sàga

saga, sägen, scier : ich sag, dü sagsch, ar sagt, mìr saga ; pp : gsagt; impératif: sag, saga

Colmar:

sàja, sagen, dire : ich sàj, dü saisch, ar sait, (nous considérons le son de la 2e et 3e personne du singulier comme étant la diphtongue /ai/, mìr sàja

p.p. gsait, impératif : sàj, sàja

saja, sägen: ich saj, dü sajsch, ar sajt, mìr saja : le maintien de < j > s’impose pour éviter l’homonymie avec le verbe « dire ».

pp: gsajt; impératif: saj, saja

Strasbourg:

säje, sägen, scier , ich säj, dü säjsch, er säjt, mìr säje; p.p. gsäjt; impératif säj, säje

NB : semer, säen s’écrira à Mulhouse et à Colmar : saaia, ich saai, dü saaisch, ar saait, mìr saaia

p.p. gsaait, impératif : saai, saaia ; à Strasbourg, on écrira sääie, ich sääi, dü sääisch, er sääit, mìr sääie, p.p. gsääit; impératif: sääi, sääie

Changements de durée au sein de la conjugaison : on applique les règles V+C = VL ; V+CC=VB

et l’on considère que la terminaison n’influe pas sur la durée de la voyelle du radical verbal

känna, können, pouvoir :

(68) ìch , dü sch, ar t, (à long); mìr känna (ä bref)

(67) ich kànn, dü kànnsch, ër kànn, mìr känne (voyelles brèves au singulier et pluriel)

Conclusion

Les améliorations collégiales apportées à ORTHAL au sein de l’association AGATE en 2016 l’ont été dans un souci de précision et de clarté, notamment par rapport à des mots en < ie > qui chez nos voisins alémaniques correspond à la diphtongue /i/ fermé + /e/ réduit (Murmellaut) et non pas au /i/ long comme en allemand standard. (die Liebe)

Nous avons intégré la diphtongue < ie > /i/ fermé + /e/ réduit/ dans le système ORTHAL avec trois exceptions :

« die », « sie » et « viel » dont < ie > correspond à /i/ long comme en Hochdeutsch.

Nous l’avons étendu à < ìe >, diphtongue /i/ très ouvert suivi de /e/ réduit, fréquente en Centre Alsace (Blienschwiller), à l’exception de « sìe » et de « vìel » dont le /i/ long très ouvert est le pendant du /i/ fermé de « sie » et de « viel ».

Le système ORTHAL sous forme de tableaux est valable pour toute l’Alsace

Les sons simples ou monophtongues*

Dans ce premier tableau figurent les sons simples et des exemples en couleur qui correspondent aux réalisations en usage dans diverses aires linguistiques de Haute Alsace et de Basse Alsace. Les exemples qui décrivent et illustrent au mieux les réalisations phoniques sont en français. La rubrique « références internationales » comporte, le cas échéant, des exemples en allemand et / ou en anglais.

Description du son avec des lettres de l’alphabet français

Entre crochets, la transcription phonétique en A.P.I.

Exemples en français

Références internationales

Deutsch (D)

English (E)

Français (F)

 

Lettres

 

Alsace

Traductions

en allemand

en français

/a/ clair et long [a:]

comparable à « phare »

(D) Lage,  situation

(E) arm,  bras

(F) phare

a, ah, aa

Nous employons « ah », quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « ah ».

Une voyelle longue peut être redoublée

Jajer

Laba

Mahl

Baam

Kaas

Jäger, chasseur

Leben, vie

Mehl, farine

Baum, arbre

Käse, fromage

/a/ clair et bref [a]

comme /a/ dans « pas » 

(D) Gast, invité

(F) pas

a

Walt

hall

Welt, monde

hell, clair

/a/ sombre et long [ɒ :]

comparable à /an/ dans « anse », mais sans nasalité.

 

son inexistant en français ou en allemand

à, àh, àà

Nous employons « àh », quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « h » ; « àà » quand le terme allemand comporte « aa ».

Une voyelle longue peut être redoublée.

Pour réaliser À : taper Alt Gr + accent grave et puis A majuscule. 

làda 

Màga

Hàhn

Ààl

Sààl

Dàà

Bààm

 

laden, charger

Magen, estomac

Hahn, coq

Aal, anguille

Saal, salle

Tag, jour

Baum, arbre

/a/ sombre et bref [ɒ]

comparable à « en »

(E) what, quoi

à

 

Wàld

Kràch

Wald, forêt

Krach, bruit

/i/ fermé et long [i:]

comme dans « rire »

(D) Liebe, amour

(E) deal, affaire

(F) rire

i, ii, ih

Nous employons « ih », quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « h » ou pour des raisons de lisibilité 

 

Une voyelle longue peut être redoublée et sur-caractérisée.

Seules exceptions : «die », « viel » et « sie »

 

riba

Kih

Ihl

wi

Biir

Fiir

Siida

 

reiben, frotter

Kühe, vaches

Eule, chouette

wie, comment

Bier, bière

 Feuer, feu

Seide, soie

/i/ fermé et bref [i]

comme dans « lit »

(D) Fisimatenten, simagrées

(E) happy heureux

(F) lit

i

Litt

bissa

Lischt

Leute, gens

beißen, mordre

Liste, liste

/i/ très ouvert et long, proche de /é/

son inexistant en français ou en allemand

ì, ìh

Sur PC, taper :

Alt 141 pour ì

Alt 222 pour Ì

Nous employons « ì » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « i » ou « ü » ;

Nous employons « ìe » uniquement pour sìe et vìel.

Nous employons « ìh » quand le terme correspondant en allemand s’écrit avec « ih » ou « üh »

 

 

 

 

dìr

mìr

spìre

ìhr

fìhle

Mìhli

 

 

 

 

dir, à toi

wir, nous

spüren, sentir 

sein, être

ihr, vous 

fühlen, ressentir

Mühle, moulin

 

/ é / long et fermé [e:] 

(D) leben, vivre

e, ee, eh

Nous employons « e » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « e ». Nous employons « ee » quand il s’écrit avec « ee » ou « ö » ; et nous employons « eh » quand il s’écrit avec « eh ».

jeder

Meer

scheen

Meewel

weh

meh

jeder, chacun 

Meer, mer

schön, beau

Möbel, meubles

weh, mal

mehr, davantage

/i/ bref très ouvert proche de /é / bref 

 

son inexistant en français et en allemand

ì

Nous employons « ì » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec : « i » : ce sont les cas les plus fréquents. 

 

Mais c’est aussi le cas quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « ü » et « eu ».

La correspondance avec les mots allemands en « ei » ou « ie » est plus rare.

Il est possible d’employer « ì » pour les suffixes en -lì des diminutifs fréquents en haut-alémanique.

Kìnd

Fìsch

Wìrt

Glìck

Frìnd

 

Zìwwel

vìllìcht

 

Maidlì

Chatzlì

wie, comment

Kind, enfant

Fisch, poisson

Wirt, aubergiste

Glück, bonheur

Freund, ami

 

Zwiebel, oignon

vielleicht, peut-être

 

Mädchen, jeune fille

Kätzchen, chaton

 

/é/ bref [e]

comme /é/ dans été

(F) été

Nous employons « é » devant plusieurs consonnes quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « e » ou » ö ».

 

Nous l’employons aussi dans les mots étrangers devant une ou plusieurs consonnes.

Nous recommandons son emploi également dans les suffixes en –lé des diminutifs fréquents en haut-alémanique.

wénni

Bétt

Lécher

 

Février

Télé

 

Maidlé

Chatzlé

wenig, peu

Bett, lit

Löcher, trous

 

Februar, février

Fernseher, télévision

 

Mädchen, jeune fille

Kätzchen, chaton

/è/ long [Ɛ :]

(D)  wählen, voter

 

è, èè, èh

Nous employons « è », « èè » ou « èh » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « e », « ee » ou « eh ».

ä, äh

Nous employons « ä », « äh » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « Umlaut ».

Rèd

Mèèr

lèèra

lèhra

Gläser

wähle

Mäwel

Rede, discours 

Meer, mer

leeren, vider

lernen, apprendre

Gläser, verres

wählen, voter

 Möbel, meuble

/è/ bref [Ɛ] comme dans « cher »

(D) Bett, lit

(E) bed, lit

(F) cher

e

Suivie de plusieurs consonnes, la lettre « e » se prononce /è/.

Nous employons « e » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « e ».

 

ä

Nous employons « ä » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « Umlaut ».

 

Hewwel

kenna

Bett

Metzger

 

 

känna

sìe hätt

Bäck

 

Hebel, gourdin

kennen, connaître

Bett, lit

Metzger, boucher

 

 

können, pouvoir

sie hätte , elle aurait

Bäcker, boulanger

/e/ réduit [Ə] comme dans « largement »

(D) Gabe, don

(E) about, à propos

e

/e/ réduit ou atone* est fréquemment réalisé dans le préfixes « be, « ge », « ver », « zer » ou dans une syllabe atone au début du mot ou à la fin du mot.

Il est aussi réalisé dans les deux articles définis en Haute et Basse Alsace et dans l’article indéfini en Basse Alsace, ainsi que dans le pronom indéfini « on »

 

 

làche

Begrìff

begriffe

verrùckt

dernoh

der

de

e

mer, me

 

lachen, rire

Begriff, concept

begreifen, comprendre

verrückt, fou

danach, ensuite

der, le

der, le

ein, un

man, on

/è/ très ouvert et long [æ :] comparable à « in »

(E) bad, mauvais

ë, ëh

Nous employons « ëh » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « h ».

dër

Mënùng

Fëhler

dieser, celui-ci

Meinung, avis

Fehler, erreur 

/u/ fermé long [y:] comparable à /u/ dans « tube »

(D) Lüge mensonge

(F) tube

ü, üü, üh

Nous employons « üh » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « h ».

Une voyelle longue peut être redoublée.

 

süfer

Ühr

Lüüs

trüürig

 

sauber, propre

Uhr, montre

Laus, pou

traurig, triste

/u/ fermé et bref [y] comme /u/ dans « bu »

(D) Brücke, pont

(F) bu

ü

tüsche

Hüss 

tauschen, échanger

Haus, maison

/eu/ fermé et long [Ø:] comparable à /eu/ dans « pieuse »

(D) hören, entendre

(F) pieuse

ö

Fröj

Frage, question

/eu/ fermé et bref [Ø] comme dans « deux »

(D) Ökonomie, économie

(F) deux

ö

Vöjjel

Vogel, oiseau 

/œ/ long [œ:] ou bref [œ] comparable à « un », mais sans nasalité

(D) Dörfer, villages

son inexistant en français ou en allemand

œ

Dœj

œnder

 

Tag, jour 

andere, autre

/o/ long [o:] comparable à /o/ dans « dose »

(D) Hose, pantalon

F) dose

o, oo, oh

Nous employons « oh » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « h ».

Une voyelle longue peut être redoublée.

Parfois le redoublement permet d’éviter une homonymie.

 

Vogel

Ohr

 

Frooch

nooch

 

Vogel, oiseau 

Ohr, oreille

 

Frage, question 

nach, après

/o/ bref [o] comme dans « eau »

(D) Sonne, soleil

(F) eau

o

Loch

noch

Loch, trou

noch, encore

/ou/ fermé et long [u:] comparable à /ou/ dans « fougue »

(D) Hut, chapeau

(E) loser, perdant

(F) fougue

u, uu, uh

Nous employons « uh » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « h ».

gut

Guufa

Suhn

Huhn

gut, bon

Stecknadel, épingle

Sohn, fils

Huhn, poule 

/ou/ fermé et bref [u] comme dans « où »

(D) zufrieden, satisfait

(F) où

u

Sunna

Wurscht

Sonne, soleil

Wurst, saucisse 

/ou/ très ouvert et long [Ʊ:] comparable à /on/ dans « honte »

son inexistant en français ou en allemand

ù, ùù, ùh

Nous employons « ùh » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « h ».

Une voyelle longue peut être redoublée.

 

Sùhn

Stùhl

Gùùf

 

Sohn, fils

Stuhl, chaise

Stecknadel, épingle 

/ou/ très ouvert et bref [Ʊ] comparable à « on », mais sans nasalité

son inexistant en français ou en allemand

ù

Hùnd

dùmm

Hund, chien

dumm, stupide 

son intermédiaire long entre /u/ et /eu/ 

 

son inexistant en français ou en allemand

ue

Bue

guet

Bluem

Bube, garçon

gut, bon

Blume, fleur 

Les sons complexes ou diphtongues*

Dans ce deuxième tableau figurent les diphtongues et des exemples en couleur qui correspondent aux réalisations en usage dans diverses aires linguistiques de Haute Alsace et de Basse Alsace. Les exemples qui décrivent et illustrent au mieux les réalisations phoniques sont en français. La rubrique « références internationales » comporte, le cas échéant, des exemples en allemand et / ou en anglais.

Description du son avec des lettres de l’alphabet français

Entre crochets, la transcription phonétique en A.P.I.

Exemples en français

Références internationales

Deutsch (D)

English (E)

Français (F)

 

Lettres

 

Alsace

Traductions

en allemand

en français

/a + ou/ [au]

(D) Haus, maison

(E) house, maison

(F) yaourt

au

Frau

Baum

Frau, femme

Baum, arbre

/a + i/ [ai]

(D) drei, trois

(E) by, chez

ai, ei

Nous employons « ai » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « ai » ou ne comporte pas «e».

 

Nous employons « ei » quand le mot allemand correspondant s’écrit avec « ei », « eu » ou comporte « e ».

 

Kaiser

Maidla

Mai

Baim

Heimet

Freindin

Freid

 

Kaiser, empereur 

Mädchen, jeune fille

Mai, mai

Bäume, arbres

Heimat, pays natal 

Freundin, amie

Freude, joie

/o + i/ [oi] comme dans « coït »

(E) boy, garçon

aui, oi

Nous employons « aui » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « au ».

Dans les autres cas de figure, nous employons « oi » ;

 

Bauim

aui

Pauis

Hoi

Stroih

 

Baum, arbre

auch, aussi

Pause, pause

Heu, foin

Stroh, paille 

/a sombre + i/ [ɒi]

 

proche du son français /an/ suivi de /i/ fermé

son inexistant en français ou en allemand

àui, ài

Nous employons « àui » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « au ».

 

Dans les autres cas de figure, nous employons « ài ».

 

 

Bàuim

àui

Pàuis

 

ràih

Màidel

Rhàin

 

Baum, arbre

auch, aussi

Pause, pause

 

roh, cru

Mädchen, jeune fille

Rhein, Rhin

/é + i/ [ei]

son inexistant en français ou en allemand

éi

dréi

drei, trois

/è + i/ [ɛi]

son inexistant en français ou en allemand

èi

Nous employons « èi » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « e ».

 

Emploi de « äi » dans les autres cas de figure

 

drèi

Schrèi

 

käia

Säi

 

drei, trois 

Schrei, cri

 

fallen, tomber

Säue, cochons

/è/ très ouvert +

/i /[æi] , proche du français /in/ mais sans nasalité, suivi de /i fermé/

son inexistant en français ou en allemand

ëi

Këifer

fëischter

Mëidla

Käufer, acheteur

finster, sombre

Mädchen, jeune fille 

/œ +u/ [œy]

comparable au son /œ/ dans « bœuf » + /u/

(D) Leute, gens

(D) Häuser, maisons

eu, äu

Nous employons « eu » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec «  eu ».

 

 

Nous employons « äu » dans les autres cas de figure.

 

Beleuchtung

keusch

verseucha

 

Bäum

Sundgäu

 

Beleuchtung, illumination 

keusch, chaste

verseuchen, polluer

 

Baum, arbre 

Sundgau

/eu +i/ [Øi] 

comparable au son /eu/ dans « eux » suivi de /i/

son inexistant en français ou en allemand

öi

blöi

döisig

röih

blau, bleu 

tausend, mille

roh, cru

/i/ fermé + e réduit [iƏ]

son inexistant en français ou en allemand

ie

Sauf pour « sie », « die » et « viel » prononcés avec /i/ long et fermé

 

Lied

wie

Bier

 

 

Lied, chanson 

wie, comment

Bier, bière

/i/ très ouvert + e réduit [Ə]

son inexistant en français ou en allemand

ìe

Sauf pour « sìe » et « vìel » prononcés avec /ì/ très ouvert et long, variantes de « sie » et de « viel » prononcés avec /i/ fermé et long

 

Lìedel

grìesse

Lìechtùng

 

Liedchen, chansonnette

grüßen, saluer

Lichtung, clairière

/ i + a / [ia]

comme /ia/ dans « fiable »

(F) fiable

ia

Liad

wia

Lied, chanson 

wie, comment

/ i + è /: [iɛ] 

 

son inexistant en français ou en allemand

 

Lièdel

lièb

Liedchen, chansonnette

lieb, gentil

/ u + a / [ya]

son inexistant en français ou en allemand

üa

Büa

Hüat

Bube, garçon

Hut, chapeau

/ u + e réduit / [yƏ]

son inexistant en français ou en allemand

üe

Büe

Hüet

Bube, garçon

Hut, chapeau

/ u + i/ [ui]

/ou/ fermé +/ i/ fermé

D pfui (interj)

ui

Pìnguin

Ruina

Pinguin, pingouin

Ruine, ruine

/ou/ très ouvert comparable au son /on/ dans « honte » + /i / [Ʊi]

son inexistant en français ou en allemand

ùi

Sùi

bùia

Sau, cochon

bauen, construire

Les consonnes

Un mot sur la transcription des sons / p - b / ; / t – d /

ORTHAL cherche à trouver le bon équilibre entre une orthographe fidèle à la prononciation de tout un chacun et une bonne lisibilité. En cas de doute, nous privilégions la compréhension. Celle-ci se fait pour l’apprenant, notamment l’élève en classe bilingue, en référence à l’allemand standard.

Les parlers alsaciens ne distinguent pas nettement [p] et [b] ou [t] et [d]. En général, les réalisations phoniques sont plus proches de [b] et [d]. Mais est-ce une raison d’écrire « Bilod » Pilot, pilote ou « Dànde » Tante, tante ?

La référence à l’allemand facilite souvent la compréhension et le travail de nos jeunes apprenants germanistes. Nous écrirons donc : Pilot, Tànte

Cependant, quand il n’y pas de danger de confusion avec un homonyme, rien ne s’oppose à employer « d » quand le terme allemand correspondant s’écrit avec « t » :

widderscht weiter, plus loin ; Sunndig / Sùnndàà, Sonntag, dimanche

C’est notamment le cas des termes alsaciens spécifiques qui n’ont pas vraiment leur équivalent en « Hochdeutsch » :

Dubel / Doddel, Trottel imbécile ; Doba, Pfoten, patte; doidla, törkeln, tituber

Dans ce troisième tableau figurent les consonnes et des exemples qui correspondent aux réalisations en usage dans diverses aires linguistiques de Haute Alsace et de Basse Alsace. Les exemples qui illustrent au plus près les réalisations phoniques sont en français. La rubrique « références internationales » comporte, le cas échéant, des exemples en allemand et / ou en anglais.

Description du son avec des lettres de l’alphabet français

Entre crochets, la transcription phonétique en A.P.I.

Exemples en français

Références internationales

Deutsch (D)

English (E)

Français (F)

 

Lettres

 

Alsace

Traductions

en allemand

en français

/ p / [p] comparable à /p/ dans « pas »

(D) Punkt, point

(E) point, point

(F) pas

p, pp

 

Päckel

tàppa

Päckchen, paquet

tappen, avancer à tâtons

/ b / [b] comparable à /b/ dans « bas »

(D) Bank, banque

(E) bank, banque

(F) bas

b, bb

Bäckel

Schrùbber

Bäckchen, pommette

Schrubber, balai-brosse

/ t / [t] comparable à /t/ dans « tas »

(D) Tisch, table

(E) table, table

(F) tas

t, tt

Trìtt

rette

Tritt, coup de pied 

retten, sauver

/ d / [t] comparable à /d/ dans « dos »

(D) Dämon, démon

(E) demon, démon

(F) dos

d, dd

Drìtt

redde

Doddel

Dritte, troisième

reden, parler

Trottel, imbécile 

 

/pf/ [pf]

 

(D) Pfeife, pipe

pf

Ce son n’existe pas en français. Nous l’écrirons « pf » et non « bf » pour une meilleure compréhension par rapport aux termes allemands correspondants.

 

Pfaffer

rùpfe

pfiffa

Zopf

 

Pfeffer, poivre

rupfen, plumer

pfeifen, siffler

Zopf, natte

/ ts / [ts] « tsigane » 

(D)  Zeit, temps

(F) tsigane

z, tz

Nous employons « z » au début du mot et derrière une voyelle longue ou une diphtongue ; « tz » derrière une voyelle brève.

 

Zittùng

Wìtz

Kritzùng

Heizig

 

Zeitung, journal

Witz, blague

Kreuzung, intersection

Heizung, chauffage

/ k / « cas »

(D) Kuss, baiser

(E) kiss, baiser

(F) cas

k, ck, kk, c

Nous employons « k » au début du mot, derrière une voyelle longue ou une diphtongue ; « ck » derrière une voyelle brève.

Les emplois de « kk » et de « c » se limitent à quelques emprunts.

 

Kàss

Hoka

hocka

Mokka

Computer

 

Kasse, caisse

Haken, crochet

hocken, être accroupi 

Mokka, moka

Computer, ordinateur 

/ g / [g] « gars »

(D) gut, bon

(E) good, bon

(F) gars

g, gg

Nous employons « g » au début du mot et derrière une voyelle longue ou une diphtongue ; « gg » derrière une voyelle brève.

Gàss

Zug

Durzug

Zùgg

Dùrrichzùgg

Gasse, ruelle

Zug, train

Durchzug, courant d’air

Zug, train

Durchzug, courant d’air

ach-Laut /ch/ [x]

(D) Dach, toit

ch

Nous employons « ch » quand le son racle la gorge.

Bàch

Chìng

verlocha

Bach, rivière

Kind, enfant

vergraben, enterrer

/ r / « roue »

(D) rot, rouge

(E) red, rouge

(F) roue

r, rr

Nous employons « r » quand le son évoque nos petites colères : « rrr ».

 

verlora

Bàrt

dìrr

 

 

 

verloren, perdu

Bart, barbe

dürr, sec

/ ng / [Ƞ] « parking »

(D) Ding, chose

(E) ring, ring

(F) parking

ng

làng

gsùnge

lang, long

gesungen, chanté

/ ngk / [Ƞk]

(D) krank, malade

nk

Nous employons « nk » quand nous prononçons [k] à la suite de [Ƞ].

schanka

gsùnke

dànkbàr

schenken, offrir

gesunken, sombré

dankbar, reconnaissant

/ ks / [ks] « axe »

 

(D) Fuchs, renard

(E) fox, renard

(F) axe

 

x, chs, ks, gs

Se référer à l’orthographe des termes allemands correspondants évite parfois des confusions fâcheuses.

Sex

sechs

lìnks

gsùnd

Sex, sexe

sechs, six

links, gauche

gesund, en bonne santé

/ ksch / [kʃ ] 

son inexistant en français ou en allemand

chsch

Nous employons « chsch » pour rester proche de l’orthographe des termes allemands correspondants.

 

 

naachschtens

heechschtens

 

nächstens, prochainement

höchstens, au maximum

/ kv / [kv] « quetsche » 

(D) Quelle, source

(E) queen, reine

(F) quetsche

qu

Quàl

Quàlität

Qual, supplice

Qualität, qualité

/schp / [ʃp] comme /sch/ dans « schéma » et /p/

 

(D)  Spiel, jeu

(F) schéma

sp, schp

À l’instar de l’allemand, nous employons « sp » pour le son /schp/ au début du mot, pour éviter une graphie inesthétique. Attention à la coupure syllabique des verbes à particule et à la coupure entre le déterminant et le déterminé des mots composés. Distinguons bien le préfixe, ici en italique, et le radical du mot.

Mais nous employons « schp » au milieu ou à la fin du mot, car la prononciation dialectale est différente de celle des termes allemands correspondants prononcés « sp » comme dans « spam ».

 

spot

Sproch

üsspracha

verspreche

Lùschtspìel

Üssproch

Ànspànnùng

 

Knoschpa

Kaschperla

Waschp

 

 

spät, tard

Sprache, langue

aussprechen, prononcer

versprechen, promettre

Lustspiel, comédie

Aussprache, prononciation

Anspannung, tension

 

Knospen, bourgeons

Kasperle, guignol

Wespe, guêpe

 

/ scht /[ʃt] comme dans « chtimi »

 

(D) Stunde, heure

(F) chtimi

st, scht

À l’instar de l’allemand, nous employons « st » pour le son /scht/ au début du mot, pour éviter une graphie inesthétique. Soyons attentifs à la coupure syllabique des verbes à particule et à la coupure entre le déterminant et le déterminé des mots composés. Distinguons bien le préfixe, en italique, et le radical du mot.

 

Mais nous employons « scht » au milieu ou à la fin du mot, car la prononciation dialectale est différente de celle des termes allemands correspondants prononcés « st » comme dans « stade ».

 

Stàdt

stolz

üfstoh

ùffstecke

Bàchstein

Lahnstüahl

Àbstànd

Verstànd

 

koschte

treeschte

Lùscht

Poscht

 

Stadt, ville

stolz, fier

aufstehen, se lever

aufstecken, abandonner

Backstein, brique

Lehnstuhl, fauteuil

Abstand, écart

Verstand, raison

 

kosten, coûter

trösten, consoler

Lust, envie

Post, courrier

/f / [f] « fou » 

 

(D) Vater, père

(D) für, pour

(E) father, père

F) fou

v, f

L’emploi de « f » et de « v » se fait en référence à l’orthographe des termes allemands correspondants.

Volk

Fleisch

vorfàhre

furtfàhra

Volk, peuple

Fleisch, viande

vorfahren, avancer

fortfahren, partir

/ s / [s] « sur »

 

(D) Busse, autocars

(D) Buße, amende

(E) sale, vente

(F) sur

ss, ß, s

La voyelle brève et la diphtongue sont suivies de « ss », la voyelle longue est suivie de « ß » (Alt 225) ou de « s », la référence étant l’allemand standard.

Hàss

wìsse

heisse

Stroß

Gràs

Hass, haine

wissen, savoir

heißen, s’appeler

Straße, rue

Gras, herbe

/ h /  [h] « hé »

 

(D) Haus, maison

(E) house, maison

(F) hé

h

Nous employons « h » muet pour signaler les voyelles longues quand c’est également le cas pour les termes allemands correspondants.

Herr

hol

hohl

Wohnùng

Herr, monsieur

hol, va chercher

hohl, creux

Wohnung, appartement

/ j / [j] « iode » 

 

(F) iode

j, y

En tant que variante de « g », « j » est une consonne à part entière.

Elle est une semi-consonne après voyelle longue ou diphtongue

L’emploi de « y » est limité à quelques emprunts.

Làj

Jajer

fröje

Mìhj

Kiahj

Yàcht

Yoga

Lage, situation

Jäger chasseur

fragen, demander

Mühe, peine

Kühe, vaches

Yacht, yacht

Yoga, yoga

Conclusion

L’exemple emblématique de l’arbre, der Baum, illustre à nos yeux à merveille la philosophie et le bon fonctionnement d’ORTHAL.

En étant fidèle aux diverses prononciations répertoriées du nord au sud de l’Alsace, nous pouvons écrire « arbre » sans jamais tomber dans l’excès d’une écriture phonétique sans lien avec le signifié du terme allemand correspondant, Baum :

Baum, Baam, Bààm, Bœm ; Bauim, Bàuim, Bäum

Nous espérons que le système ORTHAL 2016, amélioré et complété, vous donnera envie d’écrire en alsacien et vous facilitera la lecture d’écrits en ORTHAL qui font référence.

Alors ne boudons plus notre plaisir de célébrer notre langue dans toute sa diversité !

Edgar ZEIDLER,

Auteur, poète, chroniqueur au journal « L’Alsace », dialectologue
Docteur en linguistique
Professeur agrégé d’allemand
Président de l’AGATE (Académie pour une Graphie Alsacienne Transfrontalière)

Burnhaupt-le-Bas
le 1er janvier 2017

Annexe

Petit lexique des termes techniques relevant de la linguistique

accent

Signe diacritique qui modifie le timbre et la prononciation d’une voyelle. En français, accent aigu : timbre fermé : é. Accent grave ou circonflexe : timbre ouvert : è, ê

accentué

Une syllabe qui porte l’accent tonique est dite accentuée. Elle se caractérise, notamment dans les langues germaniques par un renforcement de l’intensité sur cette syllabe par rapport à d’autres inaccentuées ou faiblement accentuées : Hausaufgabe, devoir à la maison

A.P.I.

 

Alphabet Phonétique International. Il est composé de lettres empruntés à des alphabets connus, surtout latin et grec, et de caractères créés ainsi que de signes diacritiques* pour reproduire les diverses prononciations en usage dans le monde. Le principe est d’utiliser un seul signe pour un seul son et un seul son pour un seul signe.

atone

Syllabe ou lettre dépourvue d’accent ou de ton, mais non muette.

déterminant

Elément d’un mot composé qui précède et détermine le sens du déterminé : all. Hausfrau, femme au foyer

déterminé

Elément d’un mot composé déterminé par l’élément qui le précède : all. Hausfrau, femme au foyer

diacritique (signe)

C’est un élément ajouté à une lettre de l’alphabet qui en modifie la valeur. Les accents aigus, graves ou circonflexes en fr. confèrent à la lettre « e » [Ə], des valeurs différentes : pré, près, prêt

diphtongue

 

Voyelle dont le timbre se modifie au cours de l’émission du son. Les organes articulatoires opèrent un changement graduel de façon fluide comme dans all. Maus, angl. mouse, souris, sans diérèse, c’est-dire de prononciation dissyllabique comme dans « ha-ïr » ou « hi-er »

« e » réduit ou atone

Il s’agit du son /e/ dépourvu d’accent ou de ton, mais qui n’est pas muet. C’est le cas notamment des syllabes finales en « e » en allemand : Liebe , amour, ou des préfixes en « be, ge » : beschreiben, décrire ; gemacht, fait

hiatus

Cacophonie résultant de la rencontre de deux voyelles qui oblige le locuteur de garder la bouche ouverte quand il les articule, comme dans « aorte ». Des liaisons dites euphoniques cherchent à l’éviter : « si l’on » est plus élégant que « si on ». Nathan Katz emploie souvent « n » dans ce but : « wu n i mi… »

monophtongue

Voyelle simple qui produit un seul son

radical

Elément commun, souvent appelé « racine », dégagé par comparaison d’une série de mots apparentés : « livr- dans « livrer, livraison. »

timbre

Qualité spécifique d’un son qui permet par ex. de distinguer un / a / d’un / o /

tonique

Par ce mot, on désigne la syllabe porteuse de l’accent principal par rapport à celle portant l’accent secondaire ou par rapport à la syllabe atone ou inaccentuée. En allemand, l’accent principal est en général sur la première syllabe des mots composés : Nachthemd, chemise de nuit